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Derrière l’appellation de « seniors » se cache en réalité une grande diversité de profils, depuis les jeunes retraités dynamiques jusqu’aux personnes dépendantes. A chacun de ces profils répondent des besoins spécifiques, et donc des innovations, produits et services spécialement conçus pour eux. C’est cela, la "silver économie" !

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UNE ÉCONOMIE DES SENIORS À SUIVRE DE PRÈS

Avec l'allongement de l'espérance de vie (85,4 ans pour les femmes, 79,5 ans pour les hommes), 1 Français sur 5 a aujourd'hui plus de 60 ans. Ils représenteront 30% de la population en 2030 (soit 20 millions de personnes). La "silver économie" : une économie des seniors à suivre de près, car elle sera un pourvoyeur d’emplois de plus en plus important dans les années à venir.

Il existe trois grands groupes de personnes destinataires des produits et services de la « silver économie »* :

  • les seniors dits « actifs », autonomes et indépendants ;
  • les seniors dits « fragiles », avec quelques limitations ou baisses de capacités ;
  • les seniors dits « dépendants », qui ont besoin d'aide pour accomplir les actes de la vie courante.
L’une des principales missions de la "silver économie" est d’améliorer la qualité de vie de toutes ces personnes, quel que soit leur profil, de garantir leur autonomie le plus longtemps possible, et ainsi d'allonger leur espérance de vie. Autrement dit, il s’agit de s'adapter au mieux à leurs singularités.

Cela implique une diversité insoupçonnée de métiers dans le secteur. Si certaines professions sont directement liées à l’activité médicale et au soin, d'autres se focalisent pleinement sur les dimensions sociales et relationnelles. Il est possible d'exercer au domicile des personnes comme au sein de structures de toutes dimensions, selon le profil du public accompagné. De quoi prêter main forte à nos aînés sous des formes très variées.

* Selon la définition du contrat de filière pour la silver économie établi en 2013

 

DE NOMBREUX MÉTIERS ENTRE LE SOIN ET LE SOCIAL

Une large partie des produits et services conçus pour les seniors relèvent naturellement du secteur de la santé. On y observe tout particulièrement une montée en puissance d’activités telles que le soin à domicile, la télémédecine ou encore la production d’objets de santé connectés.

Les recrutements concernent les postes pouvant être exercés après des formations courtes, comme celui d'auxiliaire de vie sociale, qui inclut tâches ménagères et travail relationnel, au service de l'autonomie des personnes âgées. Un métier qui s’exerce notamment dans le cadre de l'aide à domicile, ou encore celui d'aide médico-psychologique, qui nécessite une formation de 12 à 24 mois.
Pour vous faire une idée du métier d'auxilaire de vie sociale qui intervient en grande partie auprès des personnes âgées, rien de tel que de faire un tour sur le site d'une grande fédération du secteur, telle l'UNA (Union Nationale de l'Aide, des Soins et des Services aux domiciles).

Les recrutements peuvent également concerner des postes requérant plusieurs années d’études, comme celui de médecin gériatre.

Envie de voir les métiers de l'aide des personnes âgées en action ? Visionnez la série de vidéos réalisée il y a quelques mois par le collectif "Les métiers du grand âge".

DES SERVICES INNOVANTS POUR LE BIEN-ÊTRE DE NOS AÎNÉS

Les professions dédiées au grand âge incluent, au-delà des soins et de la santé stricto sensu, différentes activités d'accompagnement qui requièrent des compétences sociales et relationnelles bien spécifiques. Ces métiers donnent à ceux qui l'exercent un fort sentiment d'utilité sociale, et un sens immédiat au travail mené.

Le soin esthétique, par exemple, peut jouer un formidable rôle dans la revalorisation de l'estime de soi. L'activité de socio-esthétique constitue à ce titre un métier innovant destiné à répondre aux besoins spécifiques des personnes âgées. Après une formation classique en esthétique-cosmétique, des spécialisations ont été créées, permettant de devenir socio-esthéticien, et ainsi d'exercer dans des milieux médicalisés, dans le cadre des soins médicaux et éducatifs reçus par les personnes accompagnées.

VOUS AIMEZ REDONNER LE SOURIRE AUX PERSONNES ÂGÉES ? DEVENEZ ANIMATEUR EN GÉRONTOLOGIE !

Un autre exemple ? Si vous êtes peu enclin à réaliser des activités de soin, et davantage porté sur les aspects éducatifs et culturels du "prendre soin", le métier d'animateur en gérontologie est peut-être fait pour vous ! Au service du bien-être des personnes âgées, l'animateur en gérontologie se focalise sur l'entretien et le développement de leur lien social, tant dans les relations individuelles que collectives. Pour cela, il s'appuie notamment sur l'organisation d'activités artistiques et sportives, en veillant à ce qu'elles soient adaptées aux capacités des personnes.

LA « SILVER ÉCONOMIE » CONCERNE QUASIMENT TOUTES LES FILIÈRES

Le vieillissement de la population a des impacts à plusieurs niveaux dans la société. Il va ainsi créer des viviers d'emplois dans des domaines tels que l'habitat, les transports, ou encore les loisirs et la communication.
En matière de logements, par exemple, le vieillissement augmente les besoins d'aménagement des salles de bain et de transformation des cuisines.
Les systèmes connectés de contrôle à distance des portes génèrent également une activité spécifique. Autant d'innovations complémentaires des métiers de l'accompagnement, la finalité principale étant toujours celle du lien humain développé autour de la personne âgée et de son environnement immédiat.

DES FONDS DÉDIÉS POUR LES ENTREPRENEURS ET LES START-UPS

Vous avez l’esprit entrepreneurial et la « silver économie » vous donne des idées ? Pour les entrepreneurs, en Île-de-France, le pôle d'activité « Silver valley» peut permettre d'obtenir des financements auprès de Bpifrance, via le fonds Sisa (Services innovants aux acteurs de la santé et de l'autonomie).
Les autres régions ont également mis en place des fonds de soutien, tout comme certaines mutuelles ou caisses de retraite.
Depuis cinq ans, le secteur a aussi son salon avec la « Silver Economy Expo » : le signe d'un secteur en expansion, au besoin de compétences toujours croissant et toujours plus diversifié.

Face à cette kyrielle de métiers et de besoins émergents, la "silver économie" a sans doute des opportunités professionnelles intéressantes à vous proposer, parlez-en à votre conseiller Pôle emploi !

POUR ALLER PLUS LOIN

Le salon de la « silver économie »

 

Vous avez forcément déjà entendu parler des CESU : les Chèques Emploi Service Universel. Mais est-ce que vous savez comment les utiliser ?

 

Comme pour beaucoup de processus administratifs, la complexité et l’exhaustivité des informations font que de nombreuses personnes ne prennent même pas la peine de se lancer dans l’aventure.

 

Pourtant, le CESU n’est pas si compliqué à comprendre et peut vraiment être très avantageux si vous souhaitez embaucher de l’aide à domicile dans le cadre d’un service à la personne.

 

Dans ce guide complet, nous allons tenter de vous expliquer, de façon simple et détaillée, comment fonctionnent les CESU, mais aussi, comment concrètement les utiliser si vous êtes employeur ou salarié.

 

Ce guide sera parcouru d’exemples pour rendre les choses plus faciles et notre FAQ vous apportera de nombreuses précisions concernant toutes les questions qui vous trottent dans la tête.

 

Je vous laisse y jeter un œil : Merci, Merci, Merci !

 

Source : Youpijob.fr/cesu

 

 

Les associations ont été pionnières dans l’organisation des services d’aide à la vie quotidienne auprès des personnes âgées. Alpa prod/Shutterstock

Anne Le Roy, Université Grenoble Alpes et Emmanuelle Puissant, Université Grenoble Alpes


Le rôle pionnier des associations

Bien que les initiatives populaires d’entraide aient commencé à se développer dans l’entre-deux-guerres, les premières associations d’aide à domicile naissent en majorité au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le temps était alors à la reconstruction de la France : reconstruction matérielle, mais aussi politique, économique et sociale. La question de la misère des personnes âgées et des familles ouvrières était alors préoccupante.

Les initiatives populaires et la création des premières associations ont précédé les politiques publiques : les premières associations d’aide à domicile aux familles d’abord, puis aux personnes âgées, ont vu le jour avant que le secteur de la gérontologie ne soit reconnu comme tel. Les associations ont été pionnières d’abord dans l’organisation et la structuration des services d’aide à la vie quotidienne auprès des familles populaires, puis auprès des personnes âgées.

Répondre à des besoins

Dans la grande majorité des situations, les associations sont nées pour répondre à des besoins non satisfaits ou alors, elles ont aussi pu se créer pour répondre de manière différente à des besoins pour lesquels des réponses publiques ou privées existaient déjà.

Les premières formes d’organisations oeuvrant dans la prise en charge de l’indigence, de la pauvreté ou d’autres formes de marginalités ont bien souvent été des associations. Soit elles se sont créées pour répondre à ces besoins non satisfaits, pour permettre à des catégories oubliées de l’action publique et privée d’accéder à des aides, des services, des biens ; soit elles se sont créées en complémentarité ou même en réaction avec l’action sociale de « secours aux pauvres » et de traitement de l’indigence de la puissance publique, jugée comme relevant d’une logique d’assistanat, ne permettant pas aux usagers ou bénéficiaires de ces services d’être réellement acteurs dans la réflexion et la construction des réponses à leurs besoins.

Repères bousculés

L’essor des financements marchands bouscule les repères du monde associatif. Souvent justifiée par la recherche d’efficience, évaluant les activités des associations au regard de leurs coûts, l’introduction du marché et d’une régulation marchande semble pourtant dépasser la seule question de l’efficience pour impacter plus fondamentalement l’efficacité, comprise comme l’évaluation des activités au regard de leurs objectifs. Il s’agit alors non plus de répondre, le mieux possible, à des besoins sociaux mais d’y parvenir à moindre coût. Plus largement, l’introduction du marché questionne l’activité associative dans son rapport aux usagers comme dans son organisation productive. Cette régulation marchande contribuant à requalifier son identité et ses pratiques, l’activité associative pourrait-elle se perdre, se fondre, dans le marché ? Les associations y seraient-elles solubles ?

La marchandisation limitée de l’aide à domicile

L’évolution de l’aide à domicile dans les années 2000 permet de rendre compte de la multidimensionnalité du processus de marchandisation et de l’impact de ce processus sur les associations, acteurs historiques très largement majoritaires dans le champ. En effet, ce champ d’activité fait l’objet à la fois (1) d’une libéralisation et d’une privatisation de l’offre par son intégration au secteur nouvellement constitué des services à la personne et (2) d’une évolution en profondeur du mode de régulation tarifaire et budgétaire des acteurs historiques dans les rapports qu’ils entretiennent avec leur tutelle dans leur mission de service social.

En examinant le rôle paramétrique du prix dans cette nouvelle configuration institutionnelle, c’est-à-dire la manière dont le prix sous-tend les relations d’échange, il nous est possible de tracer les différents espaces de déploiement de la marchandisation dans l’aide à domicile. L’essor de la marchandise au sens strict nous apparaît alors comme limité au regard de ce que l’on peut considérer comme l’échec du plan Borloo. En revanche, l’expansion de la forme marchandise, perceptible par l’analyse du rôle paramétrique du prix, nous apparaît être le véritable vecteur de la marchandisation des secteurs médico-sociaux comme l’aide à domicile. La marchandisation de ce secteur d’activité passe par la transformation de son mode de financement qu’est la tarification administrée.

Le plan Borloo prévoyait l’ouverture totale à la concurrence de l’activité prestataire d’aide à domicile. Ainsi, jusqu’en 2006, l’activité prestataire d’aide à domicile réalisée dans le cadre des prestations d’aide sociale du département devait être réalisée par les organismes bénéficiant de l’habilitation à l’aide sociale. Ces organismes devaient être autorisés par les conseils généraux, autorisation qui leur ouvrait droit au mode de financement historique des activités sociales et médico-sociales : la tarification sociale et médico-sociale.

À partir de 2006, les entreprises lucratives peuvent donc investir le champ et, contrairement au principe de la tarification administrée, peuvent y pratiquer un prix « librement » fixé par les producteurs. Ce qu’on qualifiera ici de prix marchand se distingue du prix de marché dans l’analyse économique néoclassique, en ce qu’il est administré par les producteurs, donc construit et non fixé par la rencontre de l’offre et de la demande. À la différence de la tarification sociale, la validation sociale de la production est alors décentralisée et individualisée. La puissance publique s’efface ainsi en partie de la relation d’échange et, avec elle, une part importante de la dimension politique de l’activité d’aide à domicile qui s’est historiquement construite en tant que relation de service social.

Ce pan de l’activité d’aide à domicile est donc celui qui renvoie le plus à l’idéal type de l’activité marchande. Les prix y cristallisent un rapport d’échange désincarné où les relations tendent à se réduire à un taux d’échange. La logique collective d’anticipation et de validation d’une production, répondant à des besoins.

Éditions de Boeck Supérieur

Pour autant que ce pan de l’activité d’aide à domicile relève bien de la marchandise, cet espace de déploiement de la marchandisation reste malgré tout confiné. Si les premières années suivant la mise en place du plan Borloo ont vu l’explosion de la création d’entreprises de services à la personne et de leur activité16, cette forte croissance doit être remise dans la perspective du faible poids que ces entreprises représentent dans l’activité en direction des personnes fragiles qui est le périmètre historique de définition de l’aide à domicile17.

La marchandisation au sens strict de l’aide à domicile reste donc limitée. C’est par un autre canal, celui de la transformation de la tarification administrée, que le levier de l’extension marchande est principalement activé.

Anne Le Roy, Enseignante chercheuse en Economie au CREG à l'UGA, Université Grenoble Alpes et Emmanuelle Puissant, Enseignante-chercheuse, Université Grenoble Alpes

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.